Les NOUVEAUX managers

Votre dose mensuelle d'inspiration et de savoir-faire ! Recevez un article complet incluant un mini-cours dédié à promouvoir un MANAGEMENT RESPONSABLE et former de NOUVEAUX leaders by www.hep10.org.

image_author_Laurence_Gilly
Par Laurence Gilly
28 févr. · 6 mn à lire
Partager cet article :

Newsletter #4 - Se débarrasser d'un sentiment d'imposture

Dossier thématique : Etre à sa place

Posture VS Imposture

Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses. Ce sont les jugements et opinions qu’ils portent sur les choses - Epictète

Vous l'avez sûrement déjà remarqué ou vécu, il arrive parfois que, en présence de certaines personnes, vous vous sentiez soudainement diminué, inférieur, sans qu'il y ait de raison objective à cela. Cette sensation d'intimidation peut rapidement se transformer en un obstacle, entravant les échanges et provoquant des tensions.

Vous pourriez même vous trouver dans la position du "vilain petit canard", vous tenant un peu à l'écart, hésitant à vous exposer dans une réunion, devant de nouveaux collègues ou devant les “grands patrons”.

Ou bien, il peut arriver que, face à vos erreurs ou parce que vous avez des responsabilités nouvelles, vous vous perceviez soudainement comme un véritable incompétent, oubliant complètement votre valeur, vos compétences et vos réussites passées.

Si cela vous parle, peut-être faites-vous partie des 70% des personnes qui ont déjà vécu un sentiment d’imposture ?

Ah, ce fameux syndrome de l'imposteur...

Ce sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas être à sa place, peut toucher un large éventail de personnes, que vous soyez manager, entrepreneur, dirigeant, consultant, ou même coach 😉.

Se sentir à sa place implique de surmonter le sentiment d'imposture et le manque de légitimité, en particulier lors de la prise de nouvelles responsabilités.

Petite histoire 🖼️ illustrant le syndrome de l’imposteur :

J'ai accompagné un manager qui avait exprimé le besoin de briser ce cycle.

Il se sentait régulièrement tendu par la crainte de ne pas être légitime, cherchant à accumuler pendant des années des preuves de sa valeur pour valider la place et la position qu’on lui avait confiées. Il vivait son quotidien professionnel avec une sorte de pression interne lancinante et permanente. Elle n’est pas très forte, mais lui prenait de l’énergie.

Généralement, au bout de quelques années, l’entreprise lui proposait une promotion, satisfaisante de son engagement et de son travail. Ainsi, à peine devenait-il plus serein, qu’il repartait dans une nouvelle mission avec ce sentiment interne inconfortable.

Il aspirait à surmonter ce syndrome de l'imposteur, à retrouver suffisamment confiance en lui pour vivre pleinement le moment présent, sans attendre que les années passent pour construire des résultats et la preuve de sa valeur. Il cherchait à trouver du confort, du bien-être et de la sérénité au quotidien.

🚨Un imposteur ne questionne pas le syndrome de l’imposteur

Nos mécanismes internes sont complexes, et les expériences individuelles varient considérablement.

Je ne prétends pas poser une vérité absolue. Je parle à partir de mon domaine d'expertise (coach) et de mes champs de références.

Certains individus naviguent à la croisée d'une sorte d'imposture : donnant une perception extérieure de réussite, d'un beau parcours, voire d'un leadership en jouant sur les principes de l’imposture que nous allons vous présenter ci-dessous. Et ils gardent en parallèle une part importante de doute et d'insécurité, perceptible à fleur de peau (j’en connais et vous ?) caractéristique du syndrome de l’imposteur. Ils nourrissent ainsi une forme d’illusion utile.

Pour autant, les vrais imposteurs, ceux que l’on peut qualifier d’imposteurs manipulateurs “psychopathiques”, balayent d’un revers de main le sentiment d’imposture, évaluant leurs comportements comme légitimes, puisque les aidant à atteindre leurs objectifs. Ils fonctionnent selon le principe : “la fin justifie les moyens”. Ils agissent dans un sentiment de supériorité voire de toute puissance.

La définition du Larousse :

Imposteur

Personne qui trompe par de fausses apparences, qui se fait passer pour quelqu'un d'autre.

Synonymes : bluffeur - charlatan - fourbe - fumiste - hypocrite - menteur - mystificateur - tartuffe

Imposteur : du latin classique impositum, de imponere, tromperImposteur : du latin classique impositum, de imponere, tromper

A partir de là, en nous inspirant des idées brillamment exposées par Roland Gori - La Fabrique des Imposteurs - YouTube que je vous recommande vivement, examinons de plus près la notion d'imposture.

Elle implique de jouer un rôle, de faire semblant, de demeurer à la surface, de s’adapter (au lieu de réfléchir, de créer, d’essayer d’être authentique). Ce qui signifie aussi mettre de côté voire abandonner toute réflexion intellectuelle, philosophique et morale, ce qui équivaut à pas mal de compromissions et même une déshumanisation.

🥸 Les impostures ordinaires 🥸

Sans dire qu’il s’agit forcément de cocher toutes les cases ni d’évoquer les imposteurs manipulateurs, l’imposture peut se retrouver au quotidien dans différents comportements poussés par la volonté de plaire, d’obtenir des résultats et de suivre également certains fonctionnements valorisés au niveau collectif.

🪞Apparence vs. Intégrité

Quand nous préférons vendre des apparences pour gagner en crédibilité plutôt que de faire preuve d'intégrité, ne sommes-nous pas dans une forme d’imposture ?

Un manager peut survaloriser ses expériences passées pour se donner de la crédibilité, gonfler son CV, se présenter en tant qu’expert de…, créer du « faux » autour de lui pour laisser penser aux autres qu’il est vraiment un “pro”, qu’il a vraiment réussi (très fréquemment observable sur les réseaux sociaux).

Autre exemple, il peut faire croire qu’il travaille énormément pour donner le change et pousser ses équipes à faire de même (en envoyant un mail à un horaire décalé ou en évoquant tout ce qu’il fait).

 🪞Forme vs. Fond

L'imposture pointe quand on accorde une importance démesurée à la forme aux dépens du fond. Se concentrer sur ce que l’on peut montrer extérieurement pour projeter une image de réussite, par exemple.

Cela peut passer par être très attentif à s’octroyer des titres et symboles de statut ou chercher à être vu dans certains lieux, s'entourer d'objets et de personnes qui “valorisent” pour construire une image qui semble souhaitable.

 🪞Adhésion vs. Mérite

Un manager peut ainsi être amener à favoriser les employés qui sont d'accord avec ses opinions, créant ainsi une cour de Versailles au sein de son équipe, où la loyauté personnelle prime sur la pertinence et l’impact des idées.

D'autres membres de l'équipe seront négligés surtout s’ils risquent de devenir contestataires et de révéler l’imposture. Cette culture du clientélisme est une tentative de l'imposteur pour obtenir une forme de loyauté en retour, plutôt que de récompenser le mérite et l'efficacité.

  🪞Gain immédiat vs. Vérité

Par exemple, un manager peut décider de cacher des informations à son équipe ou à sa direction pour éviter des réactions négatives immédiates et faciliter l’adhésion, sacrifiant ainsi la transparence et la confiance à long terme.

Cette approche met en évidence la priorité accordée aux bénéfices à court terme plutôt qu'à l'établissement de relations de confiance durables. 

 🪞Ajustement en fonction du désir d’autrui

Enfin, l'imposteur s'adapte en fonction du désir des autres. Il peut modifier son discours pour correspondre à ce qu'il pense que ses interlocuteurs veulent entendre, au lieu de partager ses véritables convictions, dans le but de gagner leur approbation.

Ce comportement séducteur et manipulateur est un moyen pour l'imposteur d'atteindre ses objectifs en trompant et en induisant en erreur.

Le sentiment d'imposture ne fonctionne pas de cette manière. Il résulte paradoxalement de la crainte de ne pas être ASSEZ, de ne pas faire ASSEZ, de ne pas avoir ASSEZ.

C’est comme si, il y avait un manque impossible à combler.

Le sentiment d’imposture relève paradoxalement d’une recherche d’authenticité, de la conviction intime d’être dans le faux, dans l’emprunt, le hors-soi - Psychanalyse de l’imposture, Andrée Bauduin

Les facettes 😵‍💫 du syndrome de l’imposteur

De nombreuses caractéristiques permettent de comprendre le sentiment d'imposture et ses impacts sur la perception de soi et les interactions sociales.

  • Banalisation des accomplissements personnels

  • Exigences très élevées et perfectionnisme excessif

  • Mise en doute de ses capacités dès qu'une tâche est demandée

  • Evitement de se mettre en avant ou d'attirer l'attention

  • Oubli fréquent de ses réussites

  • Rumination et autocritique permanente

  • Procrastination

  • Excès de zèle

  • Comportement obséquieux

  • Recherche constante de validation de sa propre valeur

  • Sensibilité au jugement des autres et tendance à se comparer en permanence

  • Utilisation de stratégies inefficaces pour faire face au stress

  • Sentiment de ne pas être à la hauteur ou de ne pas être à sa place

  • Doutes incessants concernant sa propre valeur et compétence

  • Forte dépendance de l'approbation des autres ou de certains individus spécifiques

  • Grande importance accordée à la perception et au jugement d'autrui

  • Crainte constante de honte, humiliation ou ridicule

  • Appréhension d'engendrer des conflits, le rejet ou la jalousie des autres

  • Établissement d'objectifs extrêmement élevés et continus

  • Besoin constant de se montrer "remarquable" ou excellent dans tous les domaines

Le paradoxe est que les personnes ayant ce syndrome de l’imposteur sont souvent reconnues par leur entourage comme compétentes voire brillantes.

Pour aller plus loin…

En mode solo, un peu de lecture

  • Un excellent ouvrage : traiter la dépréciation de soi, le syndrome de l’imposteur, Kevin Chassangre, Stacey Callahan, édition DUNOD.

Avec nous 😊:

Vous êtes dirigeant, RH, manager, découvrez comment et en quoi, le coaching implémenté peut vous aider à construire la place et la posture de chaque manager.

Le syndrome de l’imposteur peut être plus manifeste à certains moments et étapes de vie. Lorsqu’un manager prend un nouveau rôle, arrive à une nouvelle étape, il peut être vraiment important de l’aider à réussir ce moment clé.

Notre métier nous amène à accompagner chaque manager à renforcer son sentiment de légitimité.


La suite de la newsletter, pour les abonnés 👇

Pour continuer votre voyage vers un management éclairé et épanouissant, je vous propose deux outils tirés d’une fiche de la “boite à outils” que je peux proposer aux personnes que j’accompagne.

  • 👉 Découvrez 1 outil de décryptage : Le cycle de l’imposteur : identifier les différentes étapes qui construisent le sentiment d’imposture dans l’action

  • 👉 Mini-cours : utiliser notre tableau comme support pour apprendre à reconsidérer le sentiment d’imposture

...